au charbon

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mercredi 14 mai 2014

histoire de coeur

      A ma manière j'ai le cœur d'une sainte: je m'arrange pour que tous les hommes y aient une place mais l'amour m'effraie. On monte très haut dans le ciel et on est jamais sur de rien juste de la chute.
Les passions sont du coté sensible du corps , le pathétique est en œuvre. Montaigne disait "nos passions sont plantées dans nos entrailles" mais elles sont synonyme parfois de désordre , le règne du chaos, pourtant "rien de grand ne s'est accompli sans passion".
    Le désir est un élan, une impulsion qui ne peut être contenue par notre volonté et Lacan disait "le désir est désir de l'autre, quelque chose est désiré simplement parce qu'il est désirable par le désir qu'un autre en a." En d'autres termes le désir serait lié au fait que l'objet du désir soit convoité. Voilà en quoi le regard des autres sur mon mari doit me sembler important! J'aime mon homme (et quand il est adulé encore plus ;) Je l'aime et c'est en ça que je puise toute ma force et ma stabilité. 
Seulement l'amour ignore sa profondeur jusqu'à l'heure de la séparation " s'il est pour votre croissance il est aussi pour votre élagage." Ses chemins sont raides et ardus et l'épée cachée nous blesse, malgré tout nous lui cédons nous le suivons et nous croyons en lui.
    L'amour s'adresse à l'être même de l'autre, c'est la construction d'un monde à partir d'une différence.
Pour ma part cette construction se passe à merveille, ce monde de tendresse me console et me berce au quotidien. J'ai conscience de ma chance chaque jour, pour cette raison je remercie la vie. Avec lui je fais des plans, j'inscris des choses au quotidien qui jalonnent un avenir mais chaque marche me fait angoisser. Avec lui tout est plus doux, moins violent, notre relation est essentielle. Une osmose même si dans toute relation il y a des accrocs, et ces accrocs sont pour moi de terribles épreuves, une asphyxie...Il est indispensable à ma survie, loin de lui j'ai faim, j'ai soif, il nourrit et abreuve mon existence. Il m'apaise de façon constante durable et minérale. 
Quand il fond et coule en moi je suis dans le réel, une certitude d'existence qui me rassure. Avec tout l'embrasement possible je l'ai désiré, impatiente, une envie dévorante. 
    Quand un conflit prend racine je suis humiliée, je perd pied, je m'invente un système d’autodéfense agressive je suis tendue, sursaute tel un écureuil et j'ai besoin de me cacher , de m'enterrer vivante.
L'amour est tellement complexe voir paradoxal et on nous a privé du mode d'emploi. 
Tout ça parce qu’il est gentil, pondéré, rassurant, raisonnable et fiable et parce que j'aime qu'il soit tout ça. Il me tient à la surface me maintient au dessus des flots. Je l'aime comme si soudain s'effaçait la lutte, les vents contraires, le cours inverse des choses, comme s'il ne s'agissait plus d'affronter, de combattre, d'aiguiser mais d'enfin se laisser porté. 
    J'ai toujours pensé que j'étais condamnée toutes ces années je m’étais tellement échinée à me perdre, à me noyer. Cette pensée m'a toujours privé d'horizon. Il a ouvert les volets, il est mon plus beau paysage. J'ai conscience que ce n'est pas éternel mais je profite chaque jour de ce répit.    
    

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