au charbon

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jeudi 10 avril 2014

unité inhospitalière

    Ces jours ci j'ai été prise dans les rouages burlesques de l'administration; et oui je dois fournir maintes pièces justificatives de mon état de santé pour assurer un hypothétique prêt immobilier et je me suis très vite aperçue que les problèmes de santé mentale ne faisaient pas bon ménage avec les institutions bancaires. Ils posent des problèmes avec toutes les institutions d'ailleurs.
J'ai du donc demander expressément qu'on me fasse parvenir mes comptes rendus d'hospitalisation. Personnellement j'ai pu retrouver mon propre comte rendu sur cet intervalle liberticide, Il y a 2 ans j'écrivais;

     Des rejets honteux, les déchets de notre société, nous sommes las, là a bord de nos tractopelles à creuser le trou de la sécurité sociale et nous sommes des indices de sécurité sociale jetés de force dans la même galère.
    Aujourd'hui j'ai assister à un bien triste spectacle, une femme d'age mure qui piquait une colère à la manière d'une gamine de 10 ans qu'on punissait de ne pouvoir sortir. L'espace d'un instant j'ai pensé "comment peut on afficher une telle médiocrité débordante" j'ai été surprise de ma méchanceté et j'ai tout de suite effacé cette réflexion de ma tête. Après tout cette femme souffrait surement autant que moi, elle paraissait soixante mais n'avait surement que la cinquantaine, abusée par la faiblesse de l'homme elle avait éduqué seule ses 3 enfants et les avait nourri avec un boulot de femme de ménage à temps plein et désormais, après une crise de nerfs certainement, son fils qui avait signé son entrée aux Urgences voyait là une opportunité de savoir sa "pauvre" mère en sécurité, privée d'une liberté fondamentale et surtout ne pouvant plus dilapider comme elle l'entendait son argent durement gagné toutes ces années. Ingratitude.
     
    Ici nous voguons on ne sait vers où exactement, mais on cherche un échappatoire, une sortie courageuse congratulée.
    
   Certains cherchent toujours une légitimité à sa souffrance et à celle de l'autre; Comme cette jeune de 19 ans qui sans aucune gêne et la plus fauve indiscrétion veut tout savoir sur chacun, son age, son arrivée, le pourquoi du comment, le but du séjour. Personnellement cela me choque mais de son coté et avec la plus fine assurance elle m'affirme que c'est pour partager, évacuer et faire avancer le shmilblick , grotesque façon de déguiser sa dégoutante curiosité mal placée.
    Avez vous remarqué la propension des dépressifs à parler de la pire chose qu'ils endurent au moment présent quand ils sont entre eux, alors qu'effectivement ce genre de situation devrait nous pousser justement à tenter de se remettre en questions malgré notre lynchage social et à voir le positif.

    Le pire dans une Unité Psychiatrique hospitalière ce n'est pas tant le nom, car je n'ai toujours pas saisi ce qu'il y avait d'hospitalier, mais la plus triviale des préoccupations c'est la bouffe.
Imaginez manger la nourriture plastifiée de l’hôpital public 3 repas par jour, 7 jours sur 7 et 30 jours dans le mois; Implacablement infâme. Nous parlons donc de malbouffe la majeure partie de nos discussions ou des horribles pratiques infirmières. Et si alors quelqu'un se trouvait libéré, en permission, et seulement à ce moment là une gêne subtile nous empêche de lui demander ce qu'elle a mangé, alors que l'on sait que tout le monde meurt d'envie de lui poser la question, le fait est que la probabilité pour qu'on jalouse la réponse pose une bienséance responsable. Nous demanderons alors tout pour se nourrir de nouveauté mais surtout pas ce que la personne a pu ingurgiter.

    Une chose me frappe , pouvez vous m'expliquer pourquoi sur 22 pensionnaires il n'y ai que 5 hommes alors qu'à l'étage du dessous pour les alcooliques chroniques en rémission , la parité est respectée? 
Qui plus est la majorité sont des femmes de plus de 45 ans, la ménopause ou le veuvage sont donc des causes aggravantes de dépression ou les femmes sont elles plus responsable face à une sévère remise en question et un effort de valorisation; elles veulent aller de l'avant , se soigner "aller mieux" d'avantage pour leur entourage que pour elles mêmes malheureusement.

    Des fragilités qui rendent plus perméable à la vie...